Les techniques d'étude : le caryotype |
1) Comment visualiser la chromatine ?
2) Obtention de préparations chromosomiques.
3) Classement des chromosomes métaphasiques : le caryotype
Il
existe des colorants qui permettent de visualiser la chromatine grâce
à leur affinité pour l' ADN
et/ou les protéines qui lui sont associées. Le plus couramment
utilisé est le Giemsa qui est une association de trois colorants de base
et qui donne une coloration rose violacée de la chromatine en lumière
visible.
Il existe également des colorants fluorescents qui permettent de
visualiser spécifiquement l'ADN car ils s'intercalent entre les bases
de la double hélice. C'est le cas de la moutarde de quinacrine
, du DAPI (4',6-diamino-2-phényl-indole)
ou de l'Iodure de Propidium
.
Ces
colorants fluorescents sont essentiellement employés dans le cadre de
la cytogénétique
moléculaire ( hybridation
in situ de sondes
d'ADN sur une préparation chromosomique) alors que le Giemsa est
le colorant de base de toutes les techniques de marquage en bandes des chromosomes.
Comme
on l'a vu plus haut, les chromosomes ne sont visibles que pendant une courte
période du cycle cellulaire, lors de la division cellulaire ( mitose
ou méiose
). Toutes les techniques cytogénétiques visent donc à
obtenir un maximum de cellules bloquées à ce stade.
Pour cela, il est nécessaire d'avoir des cellules en phase de multiplication
active, soit spontanément (cas des villosités
choriales ou de certaines cellules tumorales) soit par
une culture préalable le plus souvent (fibroblastes, tout type cellulaire
capable de se diviser) parfois associée à une stimulation (lymphocytes
sanguins). La durée de cette culture est variable en fonction du type
cellulaire considéré et de la quantité de matériel
biologique disponible au départ.
Blocage
des cellules en mitose
L'étape
suivante consiste à bloquer les cellules en métaphase
afin de pouvoir observer les chromosomes. Pour cela, on utilise
un poison du fuseau de division (classiquement c'est la Colchicine qui est utilisée
ou son équivalent synthétique la Colcémide) qui empèche
la progression de la mitose vers l' anaphase
.
Les cellules sont alors plongées dans une solution hypotonique ce qui
entraîne leur gonflement. Cette étape est indispensable à
l'obtention d'un étalement correct des chromosomes.
Enfin, la dernière étape consiste en une fixation par un mélange
d'alcool et d'acide acétique. La préparation est alors étalée
en laissant tomber une goutte de la suspension cellulaire sur une lame.
Cas
particulier : certains types cellulaires comme les fibroblastes adhèrent
au support lors de la culture. On peut obtenir des métaphases à
partir de ces cellules sans les détacher de leur support, toutes les
étapes précédentes étant réalisées
directement sur la surface de culture (sauf l'étalement qui est bien
sûr inutile dans ce cas).
Lorsque l'on colore des préparations chromosomiques avec du Giemsa, les
chromosomes prennent un aspect rose violacé à peu près
homogène sur toute leur longueur. On ne peut donc les distinguer les
uns des autres que par leur taille et leur forme. Cependant, ces critères
sont insuffisants pour assurer la reconnaissance et l'interprétation
correcte des anomalies chromosomiques.
Pour
reconnaître spécifiquement chaque paire chromosomique, on utilise
donc des techniques de marquage particulières qui permettent d'obtenir
une coloration inhomogène des chromosomes par le Giemsa et l'apparition
de bandes. C'est la succession de bandes sombres et claires le long d'un chromosome,
identique chez tous les individus pour un chromosome donné, qui en permet
l'identification précise, selon le mème principe qu'un code à
barres.
Il
existe deux principales techniques de marquage en bandes des chromosomes ( banding
), utilisées en routine :
les bandes
G , obtenues après
traitement des chromosomes par la trypsine
les bandes
R obtenues par un
traitement à la chaleur
.
Dans
les deux cas, les bandes ne deviennent visibles qu'après une coloration
avec le Giemsa. Ces deux techniques donnent un marquage réciproque, c'est-à-dire
que là où l'on obtient une bande sombre avec l'une des deux techniques,
on observe une bande claire avec l'autre
.
D'autres
techniques de marquage complémentaires existent qui permettent d'analyser
certaines régions particulières du génome
:
Bandes
C : cette coloration par le Sulfate de
Baryium permet de mettre en évidence l' hétérochromatine
constitutive, qui correspond à
des régions non codantes du génome comme les régions centromériques.
NOR
: cette technique consiste en un dépôt
de nitrate d'argent qui met en évidence les organisateurs nucléolaires. Ces
structures correspondent aux régions du génome contenant les gènes
qui codent pour les ribosomes
.
Les
chromosomes métaphasiques sont constitués d'un bras court (noté p
) et d'un bras long (noté q
), reliés entre eux par le centromère qui correspond à
un étranglement situé à un niveau variable du chromosome
et qui sert de point d'attache au fuseau de division pendant la division cellulaire.
Plusieurs critères vont permettre
de reconnaître et de classer les chromosomes :
*la
taille
Par
convention, les chromosomes sont classés du plus grand au plus petit.
*l'index
centromérique, c'est-à-dire
le rapport entre la taille du bras court et la taille totale du chromosome
Cet
index permet de reconnaître trois familles de chromosomes :
les
chromosomes métacentriques dont les deux bras ont une taille à
peu près équivalente
les
chromosomes submétacentriques qui ont un bras franchement plus petit
que le bras long
les
chromosomes acrocentriques
dont le bras court est quasi inexistant (on ne trouve sur ces bras courts
que les gènes codant pour les ribosomes ; ces gènes étant
présents à plusieurs centaines d'exemplaires double génome,
la perte du bras court d'un chromosome acrocentrique n'a pas de conséquence
clinique)
*les
bandes chromosomiques, qui sont caractéristiques
de chacune des paires.
Le
nombre de bandes visibles est variable d'une mitose à l'autre et dépend
du niveau de condensation du chromosome. Plus les chromosomes sont condensés,
moins on peut observer de bandes et moins l'analyse permet de dépister
des anomalies de petite taille. Le nombre de bandes par lot haploïde
(c'est-à-dire pour 23 chromosomes) permet de définir la
résolution de l'analyse cytogénétique ; un caryotype standard
a une résolution de 300 à 550 bandes ; certaines techniques
dites de haute résolution permettent d'augmenter le nombre de bandes
visualisées en bloquant les chromosomes au tout début de leur
condensation : on peut ainsi obtenir 800 ou même 1000 bandes par lot haploïde.
Ces techniques de haute résolution sont de réalisation et d'interprétation
plus délicates que le caryotype standard, mais permettent la mise en
évidence d'anomalies de taille beaucoup plus réduite.
Notions de base en cytogénétique
Les techniques d'étude (I) : le caryotype