OBSERVATION B17-OBS 01

Analyse et contrôle des épidémies à l ’hôpital : épidémie de cas et épidémie de souches

1 - Qu’entend-on par épidémie ?

Dans le cadre de cet enseignement, il est question d’épidémies à propos de maladies infectieuses dues à des bactéries


2 - Dans ce contexte, que veut dire à votre avis, une épidémie de cas ?

Cocher une ou plusieurs cases

A
plusieurs malades avec le même type d’infection due à différentes espèces bactériennes et des souches ayant le même phénotype de résistance aux antibiotiques.
B
plusieurs malades avec le même type d’infection due à une même espèce bactérienne et des souches de même phénotype de résistance
C
plusieurs malades avec différents types d’infection due à différentes espèces bactériennes et des souches ayant le même phénotype des résistance aux antibiotiques.
D
plusieurs malades avec différents types d’infection due à une même espèce
bactérienne et des souches de même phénotype de résistance
E
plusieurs malades avec le même type ou différents types d’infection due(s) à une même espèce bactérienne et des souches de même phénotype de résistance
F
plusieurs malades avec le même type d’infection due à une même espèce
bactérienne et des souches de phénotypes de résistance différents


3 - Donner un exemple concret (type d’infection, type d’espèce bactérienne etc..) pour chacune des propositions que vous avez cochées :


4 - À partir de combien de cas parle-t-on d’une épidémie ?

A
2 cas
B
3 cas
C
10 cas
D
20 cas
E
100 cas
F
> 100 cas

5 - Quel est, à votre avis, la définition d’une épidémie de souches ?


6 - Épidémie de souches
Isolement chez au moins deux patients épidémiologiquement liés (lien temporo-spatial, lien via du matériel commun etc...) d ’une souche de la même espèce bactérienne ayant un même profil défini par des méthodes moléculaires discriminantes, que leur phénotype de résistance aux antibiotiques soit identique ou différent


7 - Cas Clinique

A
en l’espace de 3 mois
B
isolement d ’une souche de Klebsiella pneumoniae multirésistante aux antibiotiques (production d’une ß-lactamase à spectre élargi).
C
chez 6 malades séjournant ou ayant séjourné en réanimation chirurgicale.
L’analyse de l’antibiogramme des souches montre une seule différence entre les 6 souches à savoir une sensibilité aux fluoroquinolones de la souche du premier patient détecté porteur d’une souche de K. pneumoniae BLSE et résistance à cette famille d’antibiotique pour les souches des 5 autres patients.

8 - Sur la base de ces premiers renseignements, pensez-vous qu’il s’agit ?

A
d’une épidémie de cas
B
d’une épidémie de souches

9 - Comment s’assurer que les 6 patients sont épidémiologiquement liés ?


10 - Voici un graphe épidémiologique :
Les barres horizontales indiquent la durée d’hospitalisation des patients dans les services de l ’hôpital selon les couleurs.
En réanimation, le portage digestif de bactéries BLSE (ESBL) est recherché de façon hebdomadaire via la culture d’un écouvillonnage rectal (rectal swab). Dans les autres services, cette recherche n’est faite qu'au cas par cas.

Question : peut-on dire que chaque patient porteur de K. pneumoniae BLSE est épidémiologi- quement lié à un autre patient porteur de K. pneumoniae BLSE ?

11 - Analyse du graphe
Les patients 1 et 2 d’un côté et les patients 4 et 5 de l’autre sont épidémiologiquement liés entre eux (séjour commun). Le recouvrement des séjours hospitaliers des patients 1 et 2 d ’une part et des patients 4 et 5 d’autre part, sont peut être à l’origine de la transmission de la souche d’un patient à l'autre. Ni le patient 3, ni le patient 6 ne sont épidémiologiquement liés à un autre patient porteur de K. pneumoniae BLSE.

A
Comment les patients 3 et 6 ont-ils pu se contaminer ?
B
Dans ces conditions peut-on parler d’une épidémie de cas ?


12 - Une recherche de K. pneumoniae BLSE dans l’environnement du lieu d’hospitalisation des patients (lits 246, 250, 252, 253, 259) est entreprise:
résultat : isolement au niveau de l’évier du poste de soins d ’une souche de K. pneumoniae BLSE et résistante aux fluoroquinolones.

question : à cette étape de l’enquête, peut-on parler d’épidémie de souches ?



13 - Un typage moléculaire par Random amplified polymorphic DNA (RAPD) est effectué à partir de 6 souches des patients, de la souche de l’environnement et enfin de 4 souches (A, B, C, D) de K. pneumoniae BLSE isolées de patients, non liés de façon temporo-spatiale aux 6 malades de réanimation.


Légende: T: témoin négatif ; M: marqueur de poids moléculaire numéro, 1, 2, 6 et 4: patients (2 souches pour le patient 4) ; E: souche de l’évier; A, B, C, D: : souches contrôles

Analyse des profils RAPD des souches de K. pneumoniae BLSE

Question A : Bien que les souches des patients 1 et 2 diffèrent entre elles du point de vue du phénotype de résistance aux antibiotiques (sensible et résistante aux fluoroquinolones), elles présentent un profil RAPD identique, suggérant que les patients 1 et 2 sont colonisés / infectés par la même souche.
Est que cette suggestion vous semble plausible ? Si non, pourquoi ?

Question B : Le profil RAPD de la souche du patient 6 est unique, suggérant que cette souche diffère de toutes les autres souches bien qu’elle ait le même phénotype de résistance aux antibiotiques que les souches des patients 2, 3, 4 et 5 et de la souche isolée de l’évier.
Comment pouvez-vous expliquer ces résultats ?

Question C : La souche du patient 3, les 2 souches étudiées pour le patient 4, la souche du patient 5 et la souche isolée de l’évier ont le même profil RAPD qui est aussi celui d’une des souches (A) des 4 souches contrôles.
Bien que les patients 4 et 5 n’aient pas eu de séjour commun avec le patient 3, les profils RAPD suggèrent qu’ils ont été contaminés par la souche isolée chez le patient 3.
Quelle explication peut être donnée pour renforcer cette suggestion ?

Question D : L’évier est contaminé par une souche du même profil RAPD que les souches des patients 3, 4 et 5.
La durée depuis laquelle l'évier est contaminé est inconnue.
L’évier peut avoir été le réservoir de la souche


14 - En conclusion: S’agit-il d ’une épidémie de cas ou d’une épidémie de souches ?


Cette observation a été préparée par le Pr.M-H NICOLAS-CHANOINE. (Hôpital Beaujon, Faculté de Médecine Bichat)